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Actualités littéraires et culturelles

https://www.lemarathondesmots.com/

Toulouse du 25 au 30 juin 2024

 

Publié par Ecriberté

Edition Gallimard - 2014 

Prix Fémina étranger 2014

"Ce qui reste de nos vies" Allongée sur son lit d'hôpital, c'est ce qu'Hemda tente de se rappeler.

(...)"comment ses jours s'étaient-ils succédé  jusqu'à ce qu'elle aboutisse à cette chambre, à ce lit, de quoi s'étaient remplies les dizaines de milliers de jours qui avaient grimpé sur ce corps-là telle des fourmis sur un tronc d'arbre, son devoir était de s'en souvenir et voilà qu'elle n'y arrivait pas."(...) 

Hemda a grandi dans un Kibboutz, une enfance difficile dominée par un père violent, exigeant qui lui a volé la joie et l'insouciance dont elle avait droit. Les souvenirs de la dureté de son enfance, de son mariage imposé demeurent vifs. Elle n'a rien choisi de sa vie ; tout lui a été imposé. Hemda a été soumise aux diktats d'un père et d'une société qui imposaient un modèle de conduite et de vie aux femmes. 

Est-ce cela que ressentent avec force ses deux enfants Dina et Avner quand ils lui rendent visite. Dina, en apparence une femme accomplie avec une carrière universitaire, un mari et une fille, cache en réalité une profonde souffrance. Son apparence extérieure est un beau vernis dissimulant une lutte intérieure. Dina souffre d'anorexie mentale depuis son adolescence, une maladie qui symbolise un mal-être profond, celui de ne pas avoir était aimée par sa mère. Elle aspire à plus d'attention de la part de son mari et la relation fusionnelle qu'elle entretenait avec sa fille montre des signes de fracture. 

Pour Avner c'est différent, il a été le fils adoré d'Hemda, enveloppé dans un amour étouffant il a été la cible des moqueries des garçons de son âge. Comment peut-on se construire, s'émanciper d'une mère surprotectrice ? Cette quête semble ardue, d'autant qu'Avner s'est marié très jeune avec son premier amour. La douce Salomé est devenue la mère de ses enfants mais s'est aussi transformée au fil des années en une femme aigrie qui ne ressemble plus à la jeune fille d'autrefois. Là aussi la façade lisse et brillante craquelle peu à peu de l'intérieur. Avner présente des signes de défaillance, des déséquilibres qui perturbent son quotidien. Son comportement révèle un besoin impérieux de changement, une volonté d'agir sur son propre destin. Avner prend la décision courageuse de quitter sa femme, de s'émanciper pour goûter enfin à la liberté qui lui a toujours échappé.

Dina ressent elle aussi la nécessité d'entreprendre quelque chose de puissant, de redessiner sa vie en prenant des risques, de bousculer son quotidien. Dina aspire à mener un projet majeur, celui d'adopter un enfant malgré le refus catégorique de son mari et de sa fille mais avec le soutien réconfortant de son frère

Dans ce roman, Zeruya Shalev fait dialoguer trois membres d'une même famille. La mère en fin de vie esquisse son histoire sur les pages d'un modeste cahier, une tentative de transmission à ses deux enfants. Ses derniers cherchent à s'émanciper, à s'affranchir de chemins tracés qui ne leur conviennent plus. Ainsi l'écrivaine explore une nouvelle fois les délicates relations familiales et les efforts courageux de chacun, pour prendre en main son propre destin, avec cette enivrante envie de liberté d'accomplir ses choix personnels. Etre fiers de ce qui va rester de leur vie...

Zeruya Shalev en dédicace pendant une rencontre aux Editions Gallimard (2023)

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