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Actualités littéraires et culturelles

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Toulouse du 25 au 30 juin 2024

 

Publié par Ecriberté

Gharbi Mustafa

traduit de l'anglais par par Célia Mercier

Edition L'Harmattan

Collection : Lettres Kurdes - 2017

Gharbi Mustafa est professeur de littérature anglaise et étrangère à l'Université de Dohuk, dans le Kurdistan irakien. Ik est titulaire d'un doctorat de la faculté des études orientales de Varsovie, en Pologne. "Quand les montagnes pleurent" publié en anglais en 2013, est son premier roman. Il a publié un nouvel ouvrage, "What comes with the dust goes with the wind", l'histoire romancée d'une captive yézidie. 

Célia Mercier traductrice de l'ouvrage est une journaliste free-lance. Elle a été primée par Ouest-France, lors du 23ème prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre en 2009 et 2016.

Elle a longtemps travaillé pour le journal Libération au Pakistan puis en Inde. En 2015, elle a publié "Evadée de Daech" le témoignage d'une jeune yézidie. En 2016, elle a réalisé pour la revue française "XXI", le reportage "Passeurs de vie" sur les réseaux qui œuvrent à la libération d’otages de l'Etat islamique.

 Au cours d'un échange par mail voilà ce que m'a expliqué Cécile Mercier :

"Je suis journaliste, j'ai rencontré M. Mustafa au Kurdistan d'Irak lors d'un reportage en 2016, il est professeur d'anglais à l'université de Dohuk. J'avais récupéré son livre, qu'il a écrit en anglais (je ne parle pas du tout le kurde  moi-même), et après l'avoir lu, de retour à Paris, j'ai pris l'initiative, avec son accord, de le traduire en français. Je trouvais que cette petite histoire dans l'Histoire racontait très bien la question kurde et illustrait ce qu'avait pu être la vie des Kurdes durant la période Saddam Hussein, l'effroyable exode en Turquie etc." 

 

Ce livre est extrêmement poignant parce qu’au delà de l'histoire tragique qu'elle est raconte, elle est vu à travers les yeux d'un enfant, le jeune Hamko.

 

Résumé du livre (extrait de la 4ème de couverture)

Cette histoire est en grande partie inspirée des souvenirs d’enfance de l’auteur, qui a grandi au Kurdistan d’Irak. D’une plume ironique et acerbe parfois, il dépeint la vie d’une famille kurde à l’époque de Saddam Hussein. Au fil des pages, et d’anecdotes très vivantes, se dévoilent le quotidien à Mossoul, l’endoctrinement du parti du Baas dans les écoles, les crimes d’honneur, le combat des peshmergas dans les montagnes, les amours de jeunesse, l’enrôlement forcé dans l’armée... Le jeune Hamko, héros de l’histoire, perd peu à peu son insouciance d’enfant, jusqu’à l’effroyable exode des Kurdes en 1991 dans les montagnes turques. Ce roman passionnant nous raconte toute la question kurde à travers le regard d’un jeune garçon, et résonne étrangement avec l’actualité.

Extrait de la postface qui nous livre quelques impressions de l'auteur :

Mon père est mort en 2000, avant d'avoir pu entendre l'information qu'il avait tant attendue sur sa radio : "Saddam Hussein a été destitué !" Il n'a pas vécu pour voir le jour où "tout cela va prendre fin".

Je vis toujours au Kurdistan, dans l'espoir qu'un beau jour, j'aurai l'occasion de dire ce que mon père n'a jamais pu nous dire : "voici le jour où tout cela se termine". 

 

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Extrait du livre "Quand les montagnes pleurent"

EXTRAIT - "Mon école était proche du terrain de football. Un jour, des hommes en armes du parti Baas vinrent dans notre établissement et annoncèrent qu'ils allaient nous emmener voir un match. Nous étions ravis, d'abord parce que nous adorions le football et ensuite parce que nous allions rater les cours.
En pénétrant sur le terrain, nous ne vîmes aucun signe de match, juste un grand nombre d'hommes en uniformes militaires. Curieusement, cinq piquets de fer avaient été fixés dans le sol, au centre du terrain. Nos mines s’allongèrent. Nous allions encore devoir assister à une cérémonie ennuyeuse du parti Baas. Cependant, nos expressions passèrent rapidement de la déception à l'horreur quand les soldats amenèrent cinq jeunes hommes aux yeux bandés et les attachèrent aux poteaux.
La situation se tendit encore plus lorsque l'un des garçons de ma classe désigna le terrain et cria :
– Oh, mon Dieu! C’est mon frère, Samir !.... "

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EXTRAIT 2 :
" J’entrai dans le cercle, je pris sa douce main dans la mienne, et dansai comme s'il n'y avait pas de lendemain, bras contre bras, hanche contre hanche, épaule contre épaule. La musique entêtante et l'ivresse de la danse m’encouragèrent à passer à l’étape suivante, celle consistant à serrer trois fois la main de la fille - ce qui signifie « tu me plais ».
Je m’exécutai, puis attendis sa réaction sans oser la regarder.
Comme la danse se poursuivait, je tentai une nouvelle étreinte de la main, toujours sans oser lever les yeux. "

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EXTRAIT 3 :
" La frontière avait été bouclée et l'armée turque tentait de repousser les Kurdes de l’autre côté. Tout à coup, la montagne fut secouée par le tonnerre des tirs d'artillerie irakiens. Les réfugiés qui se trouvaient à l’avant de la file paniquèrent et firent un bond en avant, les soldats turcs ouvrirent le feu. Je tombai à plat ventre dans la boue spongieuse et étreignis le sol jusqu'à ce que les tirs aient cessé. Puis je me relevai lentement et regardai autour de moi.
«Vous avez tué ma fille ! », hurlait une femme à proximité, « Nous avons fui Saddam, seulement pour trouver la mort sous votre mitraille ! »
Nous étions pris au piège entre les deux plus puissantes armées du Moyen-Orient et il semblait n’y avoir aucune échappatoire."


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